MEDITATION

Il y a quinze ou vingt ans, l’Occident avait à peine entendu parler de la méditation. La connaissance ou l’intérêt qui existait à ce propos était confiné à des groupes obscurs et à des individus excentriques. Mais nous pouvons aujourd’hui dire qu’à peu près tout le monde a entendu le terme de « méditation ». Néanmoins, bien que le mot soit largement répandu, cela ne veut pas dire que ce qu’il signifie – ce qu’est réellement la méditation – soit vraiment bien compris.

Bien des fois, j’ai entendu des gens dire : « méditer, c’est ne plus penser, c’est faire le vide. ». D’autres pensent que méditer veut dire simplement s’asseoir et ne rien faire. S’asseoir et ne rien faire peut être – et ne pas être – une bonne chose, mais ce n’est pas méditer. Parfois vous entendez aussi dire, ou même vous lisez, que la méditation consiste à s’asseoir et à se regarder le nombril, peut-être en louchant, ou que cela consiste à « entrer dans une sorte de transe » (il est regrettable qu’un auteur connu et généralement fiable de livres sur le bouddhisme ait dans une certaine mesure popularisé le terme de « transe » comme étant synonyme de méditation). D’autres personnes pensent que méditer c’est simplement s’asseoir tranquillement et penser aux choses, « retourner des choses dans son esprit ». D’autres encore pensent que cela consiste à se mettre soi-même dans une sorte d’état hypnotique. Et ce ne sont là que quelques uns des malentendus les plus populaires et les plus répandues sur la méditation.

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Nous devons également nous souvenir que la méditation est essentiellement quelque chose qui doit se pratiquer, que c’est quelque chose que l’on fait, ou dont on fait l’expérience. Il y a de nombreux types de méditation – de nombreuses méthodes – et de nombreuses techniques de concentration.

 

 Il y a quatre stades ou niveaux de conscience, quoiqu’ils ne correspondent pas exactement à ceux que nous avons déjà énumérés.

  • Nous commençons par ce que nous appelons la conscience sensorielle, c’est-à-dire la conscience associée aux objets tels que nous en faisons l’expérience au travers des sens physiques. Elle est parfois connue sous le nom de conscience simple, ou conscience animale. C’est la conscience que nous partageons avec des membres du royaume animal.
  • Deuxièmement, il y a la conscience de soi : non pas la conscience de soi dans le sens familier du terme, mais la conscience de soi dans le sens d’être conscient que nous sommes conscients, dans le sens de savoir que nous savons. Cela est parfois appelé la conscience réflexive, parce qu’ici en quelque sorte, la conscience se replie sur elle-même, se connaît, fait l’expérience d’elle-même, prend conscience d’elle-même. Nous pourrions peut-être dire que cette conscience de soi, ou conscience réflexive, est la conscience humaine au sens plein du terme.
  • Troisièmement, il y a ce que nous appelons la conscience transcendantale, c’est-à-dire dire la conscience de la Réalité – la Réalité ultime – voire le contact personnel direct avec la Réalité, ressentie comme un objet se trouvant « au dehors ».
  • Il y a enfin la Conscience absolue dans laquelle la relation sujet-objet est entièrement dissoute, et dans laquelle la Réalité ultime est totalement réalisée et transcende complètement la dualité sujet-objet.

Dans cette classification, le premier niveau de conscience est celui qui est, de façon prédominante, celui de l’homme ordinaire non éveillé, de l’homme qui n’essaie même pas de se développer spirituellement. Le quatrième niveau de conscience est celui de l’homme Éveillé.

Nous pouvons maintenant commencer à voir ce qu’est réellement la méditation.

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Il y a 2 manières différentes de développer la conscience, ou au moins, deux méthodes différentes pour l’aborder. Nous les appelons la méthode subjective et la méthode objective, directe et la méthode indirecte.

La méditation est la méthode subjective ou directe qui nous permet d’élever le niveau de notre conscience, en travaillant directement sur l’esprit lui-même.

Cependant, je dois d’abord dire quelque chose des méthodes « objectives » ou indirectes utilisées pour élever le niveau de la conscience. Nous ne devons pas oublier qu’il existe d’autres méthodes : si nous l’oublions, notre approche devient trop partielle, et si nous agissons ainsi nous avons tendance à rendre la vie spirituelle elle-même partielle, voire à exclure certaines personnes, par exemple celles qui ont un caractère particulier, ou qui ne sont peut-être pas intéressées par la méditation. Considérons donc brièvement quelques-unes de ces méthodes indirectes, non méditatives,  qui aident à élever le niveau de conscience.

Il y a tout d’abord le changement d’environnement, sous forme de retraite, de retour à soi.  Nous y passons quelques jours, voire quelques semaines, dans un environnement plus plaisant, plus agréable, en ne faisant peut être même rien de spécial. Cela aide souvent plus qu’on ne le réalise, et suggère que l’environnement dans lequel nous devons normalement vivre et travailler n’est pas particulièrement bon pour nous – ne nous aide pas à élever le niveau de notre conscience. Il semble que, dans la plupart des cas, un changement positif d’environnement conduit tout naturellement à une élévation du niveau de conscience – même sans aucun effort supplémentaire.

Une autre manière pratique, simple et indirecte d’accroître le niveau de la conscience, est ce que le bouddhisme appelle le travail éthique. Presque tout le monde doit travailler pour vivre. Bon nombre d’entre nous font le même genre de travail tous les jours, cinq jours par semaine, quarante-huit semaines par an. Cela affecte continuellement nos états d’esprit. Si notre travail est mentalement, moralement, ou spirituellement malsain, l’effet qu’il aura sur notre esprit sera également malsain. Ce changement dans la nature de votre occupation, le seul fait de changer de travail, d’endroit, d’environnement, ce changement de genre de personnes avec lesquelles vous travaillez, du type de choses que vous faites chaque jour, aura un effet positif et vous aidera à améliorer le niveau de votre conscience – ou tout au moins il ne l’empêchera pas de s’élever.

De manière plus spécifique et concrète nous pouvons ajouter l’importance d’avoir une vie régulière et disciplinée : quelque chose qui semble être de moins en moins populaire. Cela peut consister dans l’observation et la pratique de certains préceptes et principes moraux ; avoir des heures régulières pour les repas, le travail, la relaxation et l’étude, le sommeil et la parole – peut-être même jeûner de temps en temps, ou observer le silence pendant quelques jours ou quelques semaines. Lorsque cette vie disciplinée est pratiquée dans sa forme complète nous l’appelons la vie monastique. Au cours des années, on peut voir très clairement le changement dans l’état, le niveau de conscience de ceux qui vivent une vie aussi régulière et disciplinée, même s’ils ne pratiquent pas la méditation.

Il y a d’autres méthodes, telles que le hatha yoga (yoga dans le sens physique). Il y a en particulier ce qu’on nomme les asanas yogiques, qui affectent non seulement le corps mais aussi l’esprit. Ils affectent l’esprit par le biais du corps et même ceux qui méditent régulièrement peuvent parfois les trouver très utiles. Il arrive que même une personne expérimentée dans la pratique de la médiation soit parfois un peu trop fatiguée à la fin d’une journée de travail, ou ait un peu trop de soucis pour méditer convenablement. Elle pratiquera alors quelques asanas jusqu’à ce que son esprit devienne plus calme et plus concentré. Sa fatigue se dissipera et elle se sentira rafraîchie presque comme si elle avait médité.

Il y a également les Do ou « voies » japonaises, comme l’ikebana ou arrangement floral. Arranger des fleurs dans un vase d’une manière traditionnelle peut sembler quelque chose de très simple et de très ordinaire, mais l’esprit, la conscience de ceux qui l’ont fait pendant des années ont clairement changé. On peut également mentionner le tai chi chuan, etc. Tout cela a un effet sur l’esprit. Ce sont des méthodes indirectes d’élever le niveau de la conscience.Résultat de recherche d'images pour "ikebana"

De même la jouissance des grandes œuvres d’art – la poésie, la musique, la peinture de hauts niveaux – contribue à élever le niveau de la conscience. Cette jouissance élève la conscience si les œuvres en question sont vraiment de grandes œuvres, si elles sont l’expression d’un état de conscience plus élevé que notre état habituel.

A un niveau plus terre-à-terre, il y a l’aide que nous pouvons donner aux autres. Nous pouvons consacrer notre vie à aider les malades, les destitués, les malades mentaux, ou à visiter les prisonniers. Nous pouvons faire tout cela de bon cœur et joyeusement, sans souci pour notre confort ou ce qui nous arrange le mieux ; le faire sans motif personnel ou égoïste. C’est ce que la tradition hindoue appelle le nishkama karma yoga, le yoga de l’action désintéressée. Et cela aussi est une méthode indirecte pour élever le niveau de notre conscience.

Nous pouvons aussi nous lier avec des gens qui ont une vie spirituelle, en particulier avec ceux qui sont plus développés spirituellement que nous-mêmes, si nous arrivons à les trouver. Certaines traditions, certains maîtres, regardent ce genre de relation comme la plus importante des méthodes indirectes.

Et puis il y a aussi le chant de mantras et la vénération rituelle. C’est une façon d’élever le niveau de conscience et qui a fait ses preuves. Le seul fait d’offrir quelques fleurs ou d’allumer une bougie en face d’une statue ou d’une image modifie notre esprit, et nous sommes parfois surpris de voir l’étendue du changement. Nous pouvons lire beaucoup de livres sur la vie spirituelle ; nous pouvons même avoir essayé de méditer (et peut-être réussi), mais nous trouvons parfois que le simple accomplissement d’une action rituelle symbolique quand elle est chargée de sens, nous aide beaucoup plus.